Nous somme 4 ans plus tard, soit après la fin de la guerre. Lawrence vient rendre visite à Hara dans une prison. Ce dernier est filmé de dos, immobile, dans sa cellule. La porte s'ouvre et la lumière pénètre dans la pièce en même temps que Lawrence entre. Synchroniquement, l'arrivée de Lawrence fait prendre vie au détenu (celui-ci se met à bouger et montre même un sourire) à la manière dont la pièce s'illumine.
Hara depuis la dernière fois a appris l'anglais, signe pouvant argumenter en faveur de la thèse selon laquelle sa transformation éthique a, d'une part, véritablement eu lieu et, d'autre part, s'est poursuivie de manière plus ou moins autonome (postérieurement aux circonstances particulières du camp dans lequel elle se serait produite). Hara a un rôle contraire à celui qu'il tenait dans le camp (il est aujourd'hui détenu et victime de ses geoliers). Il prétend ne pas comprendre les raisons de sa condamnation à mort et Lawrence lui explique qu'il en était de même pour les anglais quand Hara était de l'autre côté. Tout ceci laisse penser que ces situations dans un cas comme dans l'autre résulteraient de folies rationnelles plutôt que de raisons.
Nous constatons par ailleurs que Celliers a survécu malgré les 4 années depuis sa mort. Il est venu habiter les rêves de Hara la veille et on apprend que Yonoi (aujourd'hui décédé) a fait consacrer sur son autel spirituel cette mèche qu'il avait prélevé sur la tête de Celliers et soigneusement conservée : le message symbolique transmis par Celliers a continué à vivre après sa mort notamment à travers Yonoï.
D'autres choses témoignent en faveur de la transformation éthique de Hara : il regrette l'execution de Yonoï qu'il qualifie de triste, alors que par le passé il exécutait lui-même sans broncher et appréciait voir se suicider les gens qu'il respectait.
Lawrence exprime par la parole ce que la caméra nous a montré précédemment en représentant Celliers tel un arbre qui répand ses fruits : « It was as if Celliers by his death sowed the seeds in Yonoï, that we'll might all share by its growth ». Hara lui répond en rappelant l'épisode « Merry Christmas » : il s'agit en effet d'un des effets implicitement évoqués par Lawrence si l'on admet ce que ce dernier vient de dire. Les deux hommes s'accordent ensuite sur une célébration de Dionysos par l'intermédiaire de leurs propos sur l'ivresse.
Nous prenons de la hauteur par rapport à la situation via un plan d'ensemble en plongée. Le film semble nous inviter à tirer des conclusions générales sur tout ce qui vient de se passer. La caméra en quittant la terre ferme ne nous inclut plus dans une position engagée éthiquement (comme elle le faisait par exemple lors de l'enterrement de Celliers ou lors de son procès, ou bien encore quand elle était située juste à côté de Yonoï quand les éclopés anglais le fixaient) mais plutôt dans le rôle du juge : cette tragédie n'est-elle pas regrettable ? Ne pensez-vous pas que les protagonistes auraient pu agir autrement, vous qui étiez à leurs côtés pendant qu'ils prenaient des décisions importantes ? Ne pensez-vous pas, vous qui, contrairement à chaque protagoniste pris séparément, venez d'avoir accès aux différents points de vue de chacun et à une certaine omniscience permise par le support filmique, que les conséquences tragiques ne se pas les effets d'une incompréhension liée à un problème de communication plus qu'à une divergence fondamentale ?
Ainsi semble se conclure la life-lesson du film : prenez le temps d'apprendre à interpréter le comportement des lézards (d'individus évoluant selon des codes sociaux différents) pour savoir s'ils sont dangereux, au lieu de les pré-juger d'après des connaissances confuses (d'après des signifiants culturels inappropriés).
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