Nous allons tenter de montrer que le film Merry Christmas Mr. Lawrence / Furyo peut être considéré selon certaines thèse développées par la théorie des genres.
Ainsi, le lien entre la construction de l'identité sexuelle et le contexte social est évoqué implicitement lors d'une discussion entre Lawrence et Hara.
Lawrence en effet déclare que la situation dans laquelle sont placés les soldats font qu'ils peuvent avoir des rapports sexuels entre eux sans pour autant être des "pédés". Ces propos d'une part séparent les actes sexuels de l'identité sexuelle (ils prétendent que l'on peut avoir des rapports homosexuels sans "être" homosexuels) et d'autre part affirment l'influence de l'environnement sur le type de sexualités des personnes. Ainsi, le confinement entre hommes et l'absence de femmes développerait les rapports homosexuels, dirigée par une redéfinition des rôles sexuels en fonction des événements. Le soldat hollandais (à droite sur la vidéo) ayant eu des rapports homosexuels avec un soldat coréen, il devient de sexe féminin pour ses camarades anglais dès lors qu'ils l'apprenne. Cette discussion entre Hara et Lawrence a pour sujet la protection du soldat vis à vis de viols qui pourraient avoir lieu dans le campement. On peut également spéculer sur le fait que Yonoï devienne homosexuel au contact de Celliers pour des raisons un peu différentes (et sur lesquelles nous reviendrons) mais toujours du fait de ce confinement essentiellement "entre hommes" ("homme" entendu selon le sens commun cette fois).
La vie même de l'acteur David Bowie à cette époque appuie cette conception de la sexualité comme construction sociale. En 1972, celui-ci se déclarait "Gay" dans une interview avec Michael Watts et, en 1983, il déclare au magazine Rolling Stone qu'il était en fait à l'époque un "closet heterosexuel" et que son homosexualité (ou plutôt la sa bisexualité) était le produit d'une mode culturelle.
source: page Wikipédia (en) sur David Bowie"Bowie declared himself gay in an interview with Michael Watts in the 22 January 1972 issue of Melody Maker,[142] a move which coincided with the first shots in his campaign for stardom as Ziggy Stardust.[41] In a September 1976 interview with Playboy, Bowie said: "It's true—I am a bisexual. But I can't deny that I've used that fact very well. I suppose it's the best thing that ever happened to me."[143]
In a 1983 interview with Rolling Stone, Bowie said his public declaration of bisexuality was "the biggest mistake I ever made" and "I was always a closet heterosexual".[144] On other occasions, he said his interest in homosexual and bisexual culture had been more a product of the times and the situation in which he found himself than his own feelings; as described by Buckley, he said he had been driven more by "a compulsion to flout moral codes than a real biological and psychological state of being".[145][146]"
La film semble nous montrer d'une seconde manière le conditionnement social de la sexualité par l'intermédiaire de Yonoi. Son attirance pour Celliers peut être interprétée comme une pathologie générée par l'extrême ascétisme dont il fait preuve (voir absolument à ce propos la scène du dojo, où sa raison tente de reprendre le contrôle de son corps et où ce dernier s'exprime par l'intermédiaire du soldat homosexuel hollandais). Les prescriptions sociales japonaises imposent l'instrumentalisation par l'individu de son propre corps afin de le sacrifier à la société (au sens propre ET au sens figuré).
Ces individus développent alors une psychologie qui exerce cette violence sur leur propre corps (dont la manifestation ultime est le seppuku), et ce corps souffrant, en réaction, développe alors une patho-logie propre pour s'exprimer. Dès lors, le développement d'émotions, de pulsions homosexuelles est le moyen déployé par le corps pour contourner les circonstances ascétiques qui lui sont directement imposées, organisées rationnellement par la société (mise à distance des femmes, punitions dissuasives, protocoles strictes) pour anéantir sa vie propre et le réduire à sa dimension instrumentale.
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