Yonoi / Lawrence
Dans la salle, on retrouve un ventilateur (dont un spécimen était présent dans les coulisses du tribunal avant le procès. Cette fois encore, il s'agit de garder la tête froide correctement pour réfléchir correctement, mais aussi de prendre garde au risque de surchauffe : la situation peut exploser à tout moment, surtout avec le refus de Hicksley de coopérer (qui arrivera en fin de séquence), et qui se révélera plus tard être à l'origine de la catastrophe.
Ombres rayées du store sur le visage de Yonoi, il semble être lui aussi prisonnier du camp, mais davantage par l'étroitesse de la liberté que lui permet son rôle. Quand Yonoi évoque Celliers, les mêmes violons que dans la salle du tribunal, lorsque Yonoi fixait Celliers, reprennent. Yonoi parle avec une voix plus calme et plus basse avec Lawrence, comme à chaque fois qu'il n'a plus ses gants. Ses paroles semblent en accord avec sa pensée, ce qui ne semble pas être le cas quand il joue son rôle de Capitaine et parle d'un ton rude, d'une voix d'autant plus forte qu'il cherche à masquer ses émotions. Il pose des questions d'ordre privée (« êtes-vous un ami intime de ce soldat »).
Lawrence demande à Yonoi pourquoi il s'intéresse à lui. Etant dans la troisièmeté, il sait interprété le changement de comportement du japonais et à compris que l'intérêt porté par Yonoi pour Celliers était particulier. Mécanisme de défense de Yonoi qui appelle Hara. Ce dernier entre dans la pièce → cela lui permet de reprendre son rôle de capitaine (il hausse le ton), et de ne pas répondre à la question. Celle-ci l’embarrasse peut-être et, n'ayant pas de « raison » à avancer en réponse à cette question (mais plutôt un intérêt irrationnel, au fondement émotionnel), il crée une situation qui fait participer seule sa raison. Lawrence ré-itère sa question, Yonoi esquive de la même manière.
Puis c'est Hicksley qui entre, il est le seul vêtu d'un short, ce qui lui donne un air de vacancier. Quand Yonoi lui pose une question, il se redresse et regarde face à lui en récitant le règlement en guise de réponse. Il ne dépasse pas le stade du rapport direct au référant de son propre langage, il n'a aucune diplomatie et ne sait pas prendre en compte l'altérité culturelle de son interlocuteur pour comprendre ce qui est important afin de négocier avec lui. Cela agace Yonoi, qui lui est dans la troisièmeté quand il sait à quoi fait référence Hicksley en invoquant ce point de règlement (Yonoi invoque la « Convention de Genève » à laquelle se réfère Hicksley). Yonoi montre qu'il est en mesure de jouer aussi avec le règlement et, puisque Hicksley va sur ce terrain là, il le menace de le remplacer, conformément aux possibilités que lui offre sa juridiction à l'écart de la convention de Genève. Hicksley ne comprend pas : il demande à Lawrence qui, d'habitude, joue l'interprétant pour son camp. Hicksley se plaint ensuite des rations, encore une fois il n'a pas vu que ses rations sont les mêmes rations standards des deux camps → s'il avait évalué les rations en interprétant la situation, il se serait rendu compte de l'idiotie d'une telle demande (comment aurait-il pu alors exiger pour les prisonniers des rations meilleures que celles des militaires japonais?).
Lawrence excuse auprès de Yonoi le comportement d'Hicksley, qu'il prétend considèrer comme une personne honorable. Yonoi prouve encore une fois qu'il est dans la troisièmeté : il ne fait pas l'erreur d'entendre le sens du mot « honorable » prononcé par Lawrence comme ce qu'entendrait un japonais par honorable mais comme ce qu'un anglais entend par « honorable » (sinon, il aurait témoigné son désaccord). Il sait utiliser le terme dans son sens anglais dialectiquement à son avantage : l'honneur du côté anglais est utilisé comme dignité inhérente à la personne humaine, non comme une distinction d'un mérite supérieure, Yonoi propose donc de remplacer cette personne « honorable » puisque presque toutes les personnes humaines le sont d'égale manière du point de vue anglais.
Les troupes d'Hicksley défilent démotivées. Hicksley demande des conseils à Lawrence pour négocier la situation. Lawrence dit à Hicksley qu'il devrait l'écouter parce qu'il connait les japonais. Hicksley hausse le temps et prétend les connaître aussi : ce sont des ennemis comme n'importe quels autres. Lawrence soupire. Hicksley n'a pas su faire la différence entre l'homonymie du terme « connaître », utilisé par Lawrence dans le sens de « comprendre le fonctionnement » et repris par Hicksley à son compte dans le sens de « avoir connaissance de l'étiquette ». Une nouvelle fois, la différence entre l'interprétant (Lawrence) et le référant (Hicksley) est soulignée. Pour vérifier une information fournie par Lawrence, Hicksley lui demande « où il a étudié »: il fait une nouvelle fois appel à un référant (le lieu d'étude) pour juger, il réduit la crédibilité des propos de Lawrence à sa filiation formationnelle plutôt qu'au contenu propositionnel directement.
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